Carences en oligo-éléments chez les animaux d'élevage

Importance des carences en oligo-éléments chez les animaux d'élevage

Les oligo-éléments : définition et rôle dans la santé du bétail

Que sont les oligo-éléments ?

Les oligo-éléments ou « éléments trace métalliques » sont des éléments présents dans l’organisme en très faibles quantités (de l’ordre du ppm) et dont les apports journaliers recommandés sont de l’ordre du mg/kg de matière sèche de la ration (MS). Cela les oppose ainsi aux macro-minéraux, tels que le calcium ou le phosphore, dont les quantités journalières recommandées sont de l’ordre du g/kg MS et qu’on retrouve en quantités bien plus importantes dans les tissus.

Voici les caractéristiques essentielles des oligo-éléments :

  • Ils sont présents dans tous les tissus sains d’un individu,
  • Leur concentration au sein de l’organisme varie très peu,
  • Une carence en cet élément provoque des dysfonctionnements enzymatiques et cellulaires ayant une répercussion sur l’état de santé de l’individu, dans plusieurs espèces,
  • Un apport de cet élément permet de prévenir ou de corriger les troubles physiologiques engendrés par la carence (Chappuis & Poupon 1991).

 Seuls huit oligo-éléments sont d’importance majeure en alimentation animale : le cuivre, le zinc, le sélénium, le manganèse, l’iode, le cobalt et, dans une moindre mesure, le fer et le molybdène.

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Implications des oligo-élements

 Ils interviennent dans de nombreux mécanismes cellulaires et leurs rôles sont multiples :

Ils agissent dans de nombreux mécanismes de protection de l’organisme : système immunitaires, protection contre le stress oxydatif…

Ce sont des composants essentiels de protéines, de vitamines, de lipides, ou encore de carbohydrates.

Ils interviennent comme activateurs enzymatiques ou dans la synthèse de métalloenzymes impliquées dans de nombreuses fonctions : métabolisme osseux, transport d’électrons, homéostasie cellulaire…

Les oligo-éléments sont tout aussi importants dans la ration que les protéines ou l’énergie. Leurs apports doivent être quantifiés et maitrisés, une carence ou un excès pouvant impacter les performances de production et la santé du cheptel (McDowell 2003).

L’évolution de l’agriculture et des modes de production a favorisé l’apparition de carences en minéraux, en particulier pour les ruminants, par l’appauvrissement des fourrages en éléments minéraux. Ce phénomène impacte plus particulièrement les bovins et les petits ruminants car, dans la majorité des élevages, les troupeaux sont nourris grâce aux fourrages produits localement ; contrairement aux élevages industriels de porcs ou de volailles qui reçoivent des aliments complets dont la composition en minéraux est étroitement contrôlée et équilibrée. Par ailleurs, la sélection de races hyper-performantes comme la Prim’Holstein en élevages laitiers, ou encore la Blanc Bleu Belge en élevages allaitants, est à l’origine d’une augmentation des besoins des animaux en oligo-éléments. On a donc une augmentation des besoins et une diminution des apports, ceci explique en partie, l’apparition de plus en plus fréquente de troubles dus à des carences en minéraux.

Carences primaires et secondaires

Bien qu’une complémentation minérale soit aujourd’hui effectuée par un certain nombre d’éleveurs de ruminants, celle-ci n’est pas toujours maitrisée et plusieurs types de carences sont encore parfois rencontrées :

  • Des carences primaires, par défaut d’apport : leur origine peut être soit une diminution de la quantité d’oligo-éléments disponibles dans le sol, soit une diminution de cette quantité dans les fourrages, soit un défaut de prise par l’animal,
  • Des carences secondaires, dues à des interactions entre deux éléments, comme par exemple les carences en cuivre par excès de molybdène et/ou de soufre dans la ration (Meschy 2010).

Carences cliniques et subcliniques

D’un point de vue symptomatologie, on distingue deux types de carences :

  • les carences cliniques, carences graves avec des signes cliniques marqués et reconnaissables. Ces carences sont de plus en plus rares mais subsistent dans certains élevages.
  • les carences subcliniques, évoluant à bas bruit et se traduisant par des pertes économiques importantes, plus ou moins facilement identifiables.

 

 

 

Le diagnostic des carences en oligo-éléments est donc difficile, car souvent les signes sont frustres et non spécifiques. Un animal ne présente que rarement l’ensemble du tableau clinique attendu et la fréquence d’apparition des symptômes peut varier suivant la localisation géographique. Cet aspect diagnostic représente donc un enjeu important à la fois pour l’éleveur et le vétérinaire.