La fièvre de lait (hypocalcémie) chez la vache laitière | Vétalis

Qu'est-ce que que la fièvre de lait, ou l'hypocalcémie ?

A l’approche du vêlage, l’ingestion de la vache diminue fortement tandis que le fœtus prend de plus en plus de place par rapport au rumen. En parallèle, ses besoins en énergie et minéraux augmentent significativement (voir graphique ci-dessous). La gestion de cette période critique est cruciale : elle permettra d’assurer la santé de la vache et sa performance laitière.

Un des principaux troubles métaboliques du peripartum est la fièvre de lait, aussi appelée hypocalcémie, définie comme une chute de la concentration en calcium sanguin (voir graphique ci-dessous). En effet, les besoins en calcium vont augmenter brutalement lors de la synthèse du colostrum (DeGaris, Lean, 2018). Cette forte mobilisation du calcium se poursuivra jusqu’au pic de lactation où près de 50g de calcium par jour seront exportés ou éliminés (SALAT 2005 ; Goof, 2014). Selon Martín-Tereso et Martens (2014), c’est près d’un kilogramme de calcium osseux qui est mobilisé en début de lactation, la majorité du calcium utilisé provenant du squelette de l’animal.

Quelles sont les différentes formes de fièvre de lait (hypocalcémie) ?

La fièvre de lait se présente sous deux formes :

  • La forme clinique (aussi nommée « fièvre de lait »), la plus connue et la plus redoutée par les éleveurs, est due à une baisse de la calcémie (<50 mg/L) suivant les premiers jours après vêlage. Ses signes cliniques sont facilement identifiables (troubles locomoteurs, vache couchée…).
  • La forme subclinique est également due à une baisse de la calcémie suivant les premiers jours après vêlage, cette fois-ci variant de 55 à 85 mg/L selon les études, sans signe clinique apparent mais présentant des conséquences zootechniques négatives pour la productivité de l’élevage.

Alors que la fièvre de lait se fait rare dans les élevages français (environ 8% selon Meschy (2010)), une étude américaine (Reinhardt et al. 2011) et une étude française (Gillet et Millemann, 2014) ont montré que l’hypocalcémie subclinique touche un quart des primipares et la moitié des multipares (voir tableaux ci-dessous). La prévalence[1] de cette dernière étant plus élevée, son impact économique est plus important que la fièvre de lait.

[1] Nombre de cas relevés dans une population, à un moment précis, indépendamment de l’ancienneté de la maladie.

Quelles sont les conséquences de l’hypocalcémie subclinique

Au sein de l’organisme le calcium intervient, entre autres, dans l’immunité (fonctionnement des neutrophiles) et dans les contractions musculaires. Ainsi, la forme subclinique de l’hypocalcémie entraîne de nombreuses complications présentées ci-dessous :

Adapté de Dr Belbis, Roadshow hypocalcémie Vétalis 2017

Bien qu’elles ne soient pas directement associées à l’hypocalcémie subclinique par les éleveurs, ces conséquences ont pourtant un impact économique considérable pour l’exploitation puisqu’elles jouent sur la santé de l’animal (frais vétérinaires engendrés) et, dans certains cas, sur sa production laitière (environ 14% du coût du trouble d’après Weaver et al. (2016)). Selon Oetzel (2013), chaque vache en hypocalcémie subclinique coûte près de 110€, contre 262€ pour une fièvre de lait. Cependant, compte tenu de sa prévalence plus élevée dans les élevages, Oetzel (2013) estime que l’hypocalcémie subclinique coûterait quatre fois plus cher par an que la fièvre de lait.

Comment diagnostiquer les fièvres de lait (hypocalcémies) ?

Il est possible de mesurer la calcémie d’un animal via des analyses de sang. Cependant, il existe plusieurs inconvénients :

  • Le diagnostic est fiable à condition d’être effectué lors de la courte période à risque, c’est-à-dire dans les 48h après vêlage
  • La valeur seuil du calcium sanguin varie de 55 mg/L à 85 mg/L selon les études
  • Les analyses nécessitent un analyseur spécifique d’où leur coût élevé

Pour ces différentes raisons, il semble plus judicieux de chercher à maîtriser la calcémie de ses animaux en jouant la carte de la prévention plutôt que d’essayer de diagnostiquer une hypocalcémie subclinique.

 

Comment gérer un cas de fièvre de lait ?

La maîtrise de la calcémie autour du vêlage passe avant tout par l’alimentation lors de la période de tarissement :

  • Maximiser l’ingestion (12 à 14 kg de MSI, espace suffisant au cornadis, etc.)
  • Apporter suffisamment de calcium
    • Vaches taries en régime standard : 5 g de Ca /kg MSI (60g/j)
    • Vaches taries en régime BACA<0 : 10 g à 16 g de Ca /kg MSI (120 à 180g/j)
  • Assurer des transitions alimentaires correctes
  • Avoir des vaches en NEC comprise entre 3,0 et 3,5
  • Assurer un apport suffisant en minéraux dont oligo-éléments

 

Bien sûr, il va sans dire que les facteurs environnementaux doivent aussi être maîtrisés au tarissement tels que l’hygiène de l’environnement, le confort, les interactions sociales, etc. pour limiter le développement des pathologies du peripartum.

Afin de supporter ces besoins en calcium, des solutions complémentaires aux pratiques alimentaires citées précédemment existent :

  • Pour prévenir les hypocalcémies cliniques, une supplémentation exogène en calcium via des bolus est parfois nécessaire.
  • Pour prévenir les hypocalcémies subcliniques, une solution innovante à base de pidolate de calcium a été développée. La technologie innovante de ces bolus favorise l’absorption intestinale de calcium et contribue à mobiliser le calcium osseux de la vache.

 

Votre vétérinaire saura vous orienter vers la solution la plus adaptée à votre élevage.